[Blog] Myrmecia forficata de coco j o

Vous pouvez suivre ici la vie et l'histoire de certaines colonies de fourmis exotiques des bloggeurs.
Avatar de l’utilisateur
Coco j o
Gyne Fécondée
Gyne Fécondée
Messages : 1241
Inscription : mer. 18 sept. 2013 16:59
Genre :

[Blog] Myrmecia forficata de coco j o

Message non lu par Coco j o »

Bonjour,

On va dire que je suis en retard, mais je voulais vérifier que les débuts se déroulaient sans encombre :mrgreen: . L'espèce n'étant que peu répandue en élevage je voulais éviter de partager un échec XD .
On attaque donc le genre Myrmecia :]) , bien évidemment je passe les règles habituelles et les rappels du genre "cette fourmis ne convient pas aux débutants et peut potentiellement être mortelle...".

Une petite présentation du genre s'impose puisque j'ai décidé, pour une fois, de faire un post "plus scientifique". Je précise par contre que les publications ne seront pas référencées en fin de post pour éviter d'avoir 5 pages de références scientifiques :mrgreen: , par contre je vous les fournirai avec plaisir par MP.

La sous-famille des fourmis Myrmeciinae comprend deux genres, Nothomyrmecia et Myrmecia (Bolton, 2003). Nothomyrmecia a une distribution très restreinte en Australie (Watts et al., 1998) et Myrmecia est très répandue en Australie avec seulement une des 89 espèces décrites présentes ailleurs en Nouvelle-Calédonie. La plupart des espèces dans les deux genres montrent un modèle simple de la vie sociale qui est supposé être le modèle ancestral chez les fourmis. Les données moléculaires confirment que les deux genres sont en effet étroitement liés (Ohnishi et al., 2003;Brady, 2003).
Bien évidement on en pourrait pas parler de genre ou d'espèce sans aborder un minimum les complexes d’espèces assez nombreux chez ce genre et qui se différencient assez facilement sous binoculaire:

Ogata (1991) a reconnu neuf groupes d'espèces au sein de Myrmecia, à savoir ceux de gulosa (42 spp.), nigrocincta (3 spp.), picta (2 spp.), urens (7 spp.), aberrans (5 spp.), mandibularis (7 spp.), tepperi (5 spp.), céphalotes (3 spp.) et pilosula (15spp.). Ces groupes peuvent être placés plus loin dans deux complexes pour des raisons morphologiques. Les quatre premiers groupes (Complexe A) ont une carène sur la marge arrière de l'occiput, tandis que les derniers groupes (Complexe B) ​​ne l'ont pas.

Bien évidement on ne se base plus aujourd'hui que sur des critères morphologiques pour pouvoir classer les espèces, la phylogénie moderne se base de plus en plus sur la génétique. Notre complexe n'a donc pas échappé à la règle:

Trois études moléculaires indépendantes ont montré que Nothomyrmecia est le groupe de soeur de Myrmécie avec une grande similarité(Ohnishi et al., 2003; et Brady, 2003; Ward et Downie, 2005). Ward et Brady (2003) ont également fortement soutenu que les espèces de Myrmecia qu'ils ont utilisé, soient pour la majorité monophylétique.
Petit rappel :
Image


Les fossiles montrent que les Myrmeciinae étaient autrefois cosmopolites (voir Ward et Brady, 2003), actuellement le genre Myrmecia est essentiellement limité à l'Australie, ce qui suggère qu'il peut y avoir surgi et s’y être diversifié. Alors que la plupart des Myrmecia ont des sociétés simples comme celles des guêpes monogynes, plusieurs espèces montrent des traits sociaux dérivés tels que les reines ergatoïdes (Clark, 1951), les travailleurs polymorphes (Gray, 1974), polygynie (Craig et Crozier, 1979), les gamergates (Dietemann et al., 2004) et le parasitisme social (Brown et Douglas, 1959). Tous ces états dérivés ont évolué au sein du genre monophyletique Myrmecia. Le genre présente également des caractéristiques importantes pour d'autres préoccupations évolutives, telles que la plus large gamme de chromosomes chez les hyménoptères (Crosland et Crozier,1986; Hirai et al., 1996; Imai et al., 1994), une hybridation poussée (Crozier et al., 1995, Imai et al., 1994) et des complexes de mimétisme Mullerien (Ogata, 1991). Par conséquent, avoir une bonne connaissance de la phylogénie des Myrmecia devrait contribuer à la compréhension non seulement de la socialité des fourmis, mais aussi de beaucoup d'autres processus biologiques.

Je ne vais pas vous assommer avec tous les résultats de l'étude qui sont pourtant très intéressants *good* . Pour cela je vous propose simplement une figure récapitulative de l'études qui est plus simple:
Image

Les résultats sont obtenus par l'étude des ARNr 28S (r :arrow: ribosomique) et de l'opsine (un pigment).
Chaque gène, en particulier ce dernier, a des régions variant largement en taux de substitution. Une telle variation permet une étude phylogénétique poussée sur une large gamme taxonomique.
Pour faire plus simple, la réalisation d'une étude de ce type nécessite de trouver une "partie" du génome de l'individu à étudier qui ne varie que très peu entre individu d'une même espèce mais qui varie suffisamment par rapport aux autres espèces du même genre pour pouvoir établir des degrés de parenté.

Comme je le mentionnais en introduction, la quasi totalité des espèces de Myrmecia sont endémiques de l’australie, la seule exception est Mymrecia apicalis qui elle est originaire de Nouvelle-Calédonie où elle reste cependant rare.
Un rapport de présence pour le genre:
Image

Bon maintenant que les grandes lignes de ce blog sont posées, nous pouvons avancer. :hihi:

J'ai donc après cette phase de documentation assez longue décidé d’acquérir une Myrmecia forficata. Et c'est à ce moment là, que l'on comprend pourquoi la documentation est assez importante :tututu: . Lors de mes recherches, j'étais tombé sur une étude de la phase de fondation de certaines espèces du genre et surtout de la profondeur des galeries et de la chambres de fondation.
Image

Comme on peut le voir l'espèce forficata n'est pas présente sur la figure et dans l'étude, mais en recroisant les informations avec celles données plus haut (complexe d'espèce). Il m'a suffit de trouver le complexe d'appartenance pour me reporter sur les données des espèces du même complexe présent dans l'étude.

J'ai donc commencé la création d'un petit module de fondation respectant les proportions et les dimensions données dans l'études (le tout recoupé avec mon expérience sur les Ponérines):
Image
Image

Un module en BC avec humidification par le dessous ou par le fond et relié à une ADC avec de l'excavator *good* .

Une fois la dame reçue, je l'ai placée dans son petit module avec de quoi s'abreuver. Le tout à température ambiante et avec le nid plutôt humide (l'humidité déclenchant la ponte chez ce genre).
Image
Image


Une fois installée, j'ai donc attendu une bonne semaine avant qu'elle se décide à pondre, un joli petit paquet d’œufs dans la partie humide du nid *good* :
Image


Après quelques semaines, les larves ont commencées à réclamer de la nourriture (j'ai oublié de préciser que la gyne n'était nourrie quasi exclusivement que de liquide sucré alors que les larves ont un besoin très très important d'insectes de taille adaptée). J'ai donc commencé par de la Drosophile, puis des mouches, des blattes et grillons, suivant la taille des larves.
Image
[img]https://image.noelshack.com/fichiers/20 ... g-1772.jpg[/img][img]https://image.noelshack.com/fichiers/20 ... g-1774.jpg[/img][img]https://image.noelshack.com/fichiers/20 ... g-1777.jpg[/img][img]https://image.noelshack.com/fichiers/20 ... g-1768.jpg[/img]
À la manière des Aphaenogaster ou des Ponérines, les larves consomment directement la nourriture que l'on pose sur elles et sont donc équipées de mandibules que vous pouvez voir sur les photos ci dessus *good* .
Il ne me reste plus qu'à attendre les cocons maintenant :hihi: .

Le Q/R: https://www.myrmecofourmis.org/forum/vi ... 30&t=28287
Dernière modification par Coco j o le sam. 1 sept. 2018 14:52, modifié 2 fois.
« La vérité n'est jamais amusante, sinon tout le monde la dirait. » Georges Lautner

Revenir à « Blogs des espèces "exotiques" »