Bon, pas sûr qu'il s'agisse bien de Ponera coarctata mais ça y ressemble bien. Quoiqu'il en soit, l'espèce est réputée difficile d'élevage et il y a bien peu de conseils sur le web alors je fais à ma sauce.
L'histoire commence le mois dernier. Je repère cette prairie en forêt, au bord d'un étang. J'identifie quelques espèces : Lasius jaunes, Lasius noires, Myrmica cf sabuleti, Tetramorium sp., Camponotus sp. et je trouve aussi de temps en temps une ou deux ouvrières Ponera coarctata. Cette dernière est bien présente dans la prairie : je la retrouve en plusieurs endroits de cet espace qui doit avoisiner les 100 m2.
Il y a une semaine environ, je capture deux ouvrières, histoire de les observer tranquillement à la loupe chez moi, et aussi dans l'espoir de récolter d'autres ouvrières et si possible une gyne pour reformer artificiellement une colonie. L'opportunité se présente aujourd'hui d'aller faire une promenade en forêt. Je soulève les mousses, déplace des petites mottes de terre à la recherche de Ponera coarctata. Après une heure, je vois enfin une ouvrière, puis deux. Je les capture. Je sors ma petite pelle et je gratte le sol, en tamisant les morceaux minutieusement. Petit à petit, je capture une petite dizaine d'ouvrières. Mais aucun cocon, aucune larve ; je ne tombe pas sur une quelconque chambre du nid. Enfin, je vois quelque chose de différent : une espèce de grosse ouvrière, je devine qu'il s'agit probablement d'une gyne. Je la capture. Je fouille encore un peu mais ne trouve plus rien.
Je précise que j'ai à peine gratté le sol sur une profondeur d'environ 5 cm et sur une surface d'une assiette à dessert. J'ai remis en ordre le terrain avant de partir.
De retour chez moi, je transfère délicatement chaque ouvrière dans un tube à essai. A la loupe, aucun doute : il y a bien une gyne : elle est plus grande que les ouvrières et a un thorax un peu plus épais. J'ajoute dans la foulée les deux ouvrières récoltées la semaine dernière. Aucune agressivité. J'obtiens une pseudo-colonie d'une gyne et 9 ouvrières

Elles sont belles ! Mais vraiment pas à l'aise pour se déplacer à l'horizontal sur du verre ou du plastique : elles patinent. Je me rends bien compte qu'un tube à essai classique avec réserve d'eau et coton n'est pas optimal. Je pense à couler du plâtre au fond du tube à essai mais je trouve finalement peut-être moyen de faire encore plus simple.
Voici le dispositif retenu :
Une aire de chasse dont le fond est recouvert d'une épaisseur d'environ 1 à 2 mm de terre tamisée. Un tuyau relie le tube à essai à l'aire de chasse. J'espère que les ouvrières vont s'approprier les lieux en ramenant de la terre dans le tube pour l'aménager à leur guise. Je risque sûrement une perte en visibilité mais ce n'est pas grave : je préfère que mes fourmis se construisent leur propre nid douillet, comme elles l'entendent.
Petit zoom sur l'intérieur du tube à essai. La gyne est marquée d'une flèche rouge :
Pour les questions/réponses, c'est par ici : https://www.myrmecofourmis.org/forum/vi ... 53&t=31512