Imperatrix
23 juin 2022 (J + 730 // stade : reine, 100 à 120 corvéables)
Deux ans jour pour jour. Deux ans jour pour jour que je croisai le chemin de son altesse sérénissime Formica rufibarbis (Demande d'identification). Deux ans jour pour jour et plus qu'elle dans ce carnet de route. La plus robuste ? Peut-être. La plus chanceuse ? Sans doute. La plus belle ? Assurément. Les autres protagonistes sont passées de l'autre côté. Ces demoiselles constituent la toute dernière de mes sociétés captives, et qui pour ainsi dire me captive comme au premier jour, même s'il s'agit en réalité du 730ième. Dès lors, voilà donc ce blog changé, sur le fond comme sur la forme. Il reprend désormais une forme plus traditionnelle, entièrement dédiée à la société d'Imperatrix et ses fifilles, que l'on espère la plus prospère possible.
Comme d'usage, petit retour sur cette seconde année écoulée. Réglée au tic-tac près, le ralentissement de la société se fait sentir dès début septembre 2021. Mise en diapause début novembre 2021, nous la sortons de repos hivernal début mars 2022. Les pertes ne sont pas substantielles : une grosse dizaine de décès tout au plus. Et c'est reparti pour un tour ! Les premières pontes arrivent dès les premières semaines, les premières émergences dès avril. L'évolution printanière est parfaitement linéaire. Même si nous n'avons pas passé le plus intense de la courte saison des Formica (Serviformica), pas de grands coups d'éclats, pas de grands "flots" d’œufs, de larves ou de cocons.
À considérer cependant le manque de temps que mon frère et moi avons à consacrer à notre myrmécophilie. Il nous est parfois difficile de suivre les besoins croissants de ces êtres de quelques milligrammes. Ce le sera moins durant cet été de vacances scolaires/universitaires. Cette évolution linéaire (pour l'instant) n'est donc pas pour nous déplaire, le bon vieux tube à essais faisant toujours l'affaire en guise de palais de verre. Mais pour la première fois, les fourrageuses commencent à exprimer leur mécontentement envers la taille de leur aire de jeux, déposant sur le plafond périphérique des copeaux de bois dans l'optique de franchir l'anti-évasion d'huile. À date, le tout est parfaitement contenable, mais nos plans incluent une extension de la surface de fourragement.
** Sa majesté dans son royaume **
Nous perpétuons le régime miel/mouches domestiques, gardons une température moyenne ne dépassant pas la fourchette 20-25°C. Toute notre attention, notre volonté de bien faire, notre matière grise est donc consacrée à elles. Elles qui, de plus en plus, se parent de leur tenue bicolore. La cuvée 2022 est en effet plus imposante et colorée : c'en est flagrant. Elle touche du doigt la beauté des ouvrières in natura. Les "petites" dernières font une tête de plus que leurs plus anciennes aînées. Et la Mère de toutes est toujours là (heureusement, me direz-vous), immuable. Elle se plaît parfois à mettre son petit nez à l'entrée du nid, pour sentir ce monde extérieur dans lequel elle ne s'aventure plus : la lionne qui défendait férocement sa première ouvrière émergée (Billet n°006) s'est depuis conformée à sa tâche de génitrice. Aussi l'ai-je surpris la semaine dernière en pleine oviposition : recroquevillée pendant une bonne minute, elle se dépliait ensuite un œuf entre les mandibules pour la déposer auprès du reste du couvain.
Alors maintenant, attendre et voir. La perte de nos autres sociétés rufibarbulariesques aura eu le don de nous maintenir les pieds sur Terre. Nous profitons au jour le jour de toutes ces observations, bien conscients de la loi de Murphy selon laquelle << Tout ce qui peut arriver, arrivera >>. Mais derrière cette grosse société totalisant moins d'un gramme et cette désailée bicolore qui ont déjà tant fait, comprenez que nous préférions penser qu' << à coeur vaillant, rien d'impossible >>.
Pour le Question/Réponse, c'est par ICI.