Ravi et surpris, je capturai cette " grosse Myrmica " dans un emballage de barre céréalée fermée par un simple chouchou.
Les jours passèrent, je fis la réception de tubes fraîchement commandés, bien décidé à redémarrer ici et maintenant une passion depuis longtemps endormie. Une inscription sur le forum et une demande d'identification plus tard, la sentence unanime des plus grands experts tombe : Manica rubida
Tandis que la bête s'acharnait sur le coton ou le bouchon en liège, selon son humeur toujours mauvaise, je m'enquérais de tous les topics existant sur ladite espèce. Humidité totale, substrat, chasseresse, fondation difficile... sur quoi étais-je tombé ? Parcourant le forum, je découvrais, pantois, les nombreux échecs qu'avaient rencontré des myrmécophiles confirmés : couvain dévoré, diapause catastrophique, mort spontanée, refus de toute nourriture, et même le plus incongru, une gyne " disparue ". Mais plus j'en apprenais, plus je voyais l'évidence ; une espèce magnifique, formidablement agressive et à l'observation captivante : voilà ma fourmi.
Cette quête m'est-elle dévolue ? Suis-je destiné à réussir là où les meilleurs ont échoué ? Se peut-il que je sois l'élu ? Moi, un éleveur de pacotille qui n'a jamais que raté ses fondations de Lasius ?
Poussé par le défi, la recherche de gloire et la fascination presque obsessionnelle pour cette gyne, je fonçais vers le centre commercial le plus proche pour essayer de ne pas trop dévier du chemin laissé par nos plus illustres anciens, qui ont tant bien que mal montré la voie de l'élevage des Manica rubida.
Est donc venue la première mesure d'urgence, lui faire quitter son tube sec pour ce qui est dit être l'optimum, un tube au coton complètement humide, contenant un substrat, avec pour entrée un bouchon de liège partiellement coupé. Le tout sera recouvert d'un tissu sombre, soulevable pour l'observation. En outre, le tube sera disposé au sein de l'aire de chasse, elle-même couverte de substrat. Pour le déménagement, les deux tubes seront placés dans l'aire de chasse, et à la gyne de choisir ce que bon lui semble !
Immédiatement, l'intéressée a bondi hors de son tube, pour chercher frénétiquement une sortie à sa boîte rigoureusement scellée, dans sa furie habituelle.
Puis, au bout d'une bonne heure, vint la première victoire de cette épopée susceptible d'échouer à tout moment : elle gouta le miellat mi-eau mi-miel et s'en délecta autant qu'elle pût.
Fort de cette nouvelle vitalité, elle repris sa quête désespérée d'évasion et ignora mon tube parfait de plus belle.
Qu'y a-t-il au bout de cette route ? Combien de menaces à contrer, de catastrophes à éviter et de malédictions à conjurer ? Ainsi commence la formidable épopée.
Voici le lien du Q/R si vous désirez augmenter les chances de survie de cette pauvre bête : viewtopic.php?t=35262