Bienvenue à vous sur ce nouveau blog. J'espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que moi à l’écrire.
Odontomachus sp, très certainement Odontomachus monticola, de la sous-famille des Ponerinae et de la tribu Ponerini. Je ne les présenterai donc pas plus, pas mal d'informations et de blogs existent déjà sur ce forum et sur internet pour ce genre de fourmi à la morphologie si particulière.
Je rappellerai juste que ce genre de fourmi détient le record du mouvement le plus rapide du règne animal. Elle peut claquer ses mandibules à la vitesse de 65m/s soit 230km/h. Lorsque la fourmi referme ses cisailles, elle applique une force 300 fois supérieure à son poids, ce qui lui permet de se propulser en l'air jusqu'à une distance de 40 cm. (Une petite vidéo pour illustrer tout ça et satisfaire les curieux : cliquez -->ici<--).
Celle-ci est originaire d'Inde et semblerait vivre en sous-sol selon mon fournisseur (merci Thibbo). Et oui, les Odontomachus vivent soit en sous-sol, soit en construisant un nid dans les plantes épiphytes.
Cette fourmi est réputée compliquée et lente à la fondation, et apparemment, également délicate à maintenir sur le long terme. Après m'être abreuvé de toutes les informations que j'ai pu trouver sur internet, j'en conclu que la majorité des échecs ont lieu dans les nids préfabriqués, comme souvent pour les ponérines (exception faite de celles de @Libertango dont la réussite dans un nid commercial force chez moi l'admiration tout comme la jalousie). Quoi qu'il en soit, exit les nids préfabriqués, bonjour les terrariums !
J'ai donc choisi un aquarium de 30x15x20 (soit un volume de 8 litres) pour faire office de terrarium de fondation. Un tel volume laissera le temps à cette espèce de fonder et de se développer suffisamment avant un déménagement car si tout fonctionne, ce que j'espère, elles auront droit à plus grand.
Cet aquarium présente plusieurs avantages.
- Il est en verre sur les côtés, et les Odontomachus sont incapables d'escalader une paroi lisse. Plus de problème d’évasion tant que le décor est contrôlé. J'ai dû d'ailleurs retirer dans les quatre angles supérieurs le joint de silicone sur plusieurs centimètres afin qu'elles ne puissent pas l'utiliser comme échelle (mes Tetraponera m'ont déjà fait le coup pour passer l'anti-évasion de leur adc).
- Il dispose d'un couvercle que je peux enlever ou mettre à ma guise, ce qui pourra être utile pour gérer l'humidité du terrarium.
- Le fond est en plastique ce qui va me permettre de le percer sans difficulté afin de faire des trous d’évacuation pour l'eau. Je pourrai également les boucher au besoin avec un bouchon de silicone.
Grâce au couvercle et au bouchon qui limiteront les pertes d'humidités, je peux ainsi m'absenter plusieurs jours sans souci.
Les Odontomachus vivent en milieu humide, voire très humide. J'ai donc choisi un substrat que j'ai composé de 2/3 de TerraBasis pour terrarium humide d'une marque bien connu, et d'1/3 d'humus de fibre de coco. La fibre de coco a l'avantage d'avoir une forte capacité de rétention d'eau et d'être pratiquement imputrescible. J'ai également ajouté un peu de sable (sans sel) et de gravier à faible granulométrie. Ce substrat reposera sur une couche drainante composé de billes d'argile. L’idéal aurait été de séparer les deux avec une feuille géotextile et un micro grillage mais ce n'est pas destiné à être le terrarium définitif donc bon...
Pour la surface, j'ai acheté 2 micro-plantes, un Ficus benjamina et un Fittonia verschaffeltii Rose (moins de 5€ les deux) que j'ai préalablement nettoyés de toute terre d'origine et rincé sous l'eau et séparé en deux. Autant je suis confiant pour le Fittonia, autant j’émets une réserve sur la survie du Ficus dans ce milieu si humide.
J'ai également quelques morceaux de bois ramassés lors de mon footing, préalablement passé au micro-onde* pour les acariens , ainsi que quelques cailloux (brossés et micro-onde*), un peu de sphaignes, de mousses et bien sûr des collemboles, l'arme magique et naturelle censée empêcher l'arrivée des acariens (au moindre doute ce sera taurus et tant pis pour les collemboles ^^).
Pour ceux que cela intéresse, hormis le bois/sable/cailloux, j'ai tout acheté neuf et j'en ai eu pour moins de 40€ en animalerie, la moitié étant juste pour l'aquarium. Cela reste donc très abordable (surtout quand on voit le prix des nids du commerce...).
Le problème d'un terrarium, enfin si l'on considère que cela en est un, c'est la perte de la visibilité de la gyne, du couvain et de toute cette organisation secrète. Toutefois, l’agencement du terrarium peut résoudre ce problème. En faisant une colline du coté chauffé avec un pré-trou, j'espère inciter la gyne à s'installer le long de la paroi qui sera plongé dans le noir grâce au tapis chauffant. J'avoue ne pas trop y croire mais qui ne tente rien n'a rien.
Je chaufferais donc à l'aide d'un tapis chauffant 5W accolé sur une face du terrarium. Ce tapis possède une molette réglable et je disposerai entre lui et la paroi du terrarium un thermomètre. Il est important de bien contrôler la température car si elle est trop importante, le couvain ne se développe apparemment pas.
L'humidification sera assurée par moi-même grâce à l'utilisation d'un pchiiit pchiiiit hautement moderne directement sur le substrat. Ayant connaissance des paramètres de mon eau du robinet (en particulier sa dureté importante) par mon passé d'aquariophile, je réutiliserai donc la même méthode qu'à l’époque et qui avait fait ses preuves, celle du 50/50 entre eau osmosée et eau du robinet. Je rappelle, pour ceux qui l'ignorent, que la jardinerie Tr*ffaut donne gratuitement un jour par semaine jusqu'à 50l d'eau osmosée par personne pour tout détenteur de la carte du magasin qui est, accessoirement, gratuite !
J'aurai beau contrôler la température et l'humidité, je compte tout de même sur mes fourmis pour se gérer aussi. C'est tout de même le gros avantage du terrarium ou elles peuvent agencer leur nid selon leur besoin, contrairement aux nids préfabriqués ou elles dépendent entièrement de leur éleveur (ce qui est pour moi la raison principale de tout ces échecs dans ce genre de nid, et pas que pour les ponérines...).
À moi d'apprendre à bien les observer, de comprendre et d’interpréter leur comportement. Je rappelle que c'est à nous de nous adapter à leurs besoins, pas l'inverse !
Certain se diront peut-être que je prend trop de précaution, mais je sais par mon expérience aquariophile et de maintenance de nano pour crevette (parfois malheureuse...) qu'il est, contrairement aux idées reçues, plus difficile de maintenir en équilibre un nano/petit environnement qu'un grand environnement. La simple et unique raison est qu'une erreur aura plus de répercussion et de conséquence dans un petit volume que noyé dans un grand volume (tout dépend de l'erreur bien sûr ^^).
Enfin voila, le terrain de jeu de mes Odontomachus sp est prêt et j’espère qu'il sera le théâtre de leur réussite !
Le prochain billet arrivera rapidement avec présentation de l’héroïne, ainsi que de son emménagement et de son quotidien. La belle vient juste d'arriver, laissons-lui le temps de prendre ses marques et moi d'avoir des choses à vous raconter.
Merci de votre lecture.
Je vous attend sur le Q/R.
Q/R : https://www.myrmecofourmis.org/forum/vi ... 30&t=27215
* Attention, ne pas mettre le bois/cailloux seul dans le micro-onde mais avec un récipient d'eau ! Opération à faire sous observation constante !