Guide du débutant en élevage de fourmis

Sommaire

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Bienvenue dans l'univers des fourmis avec MyrmecoFourmis.org.
Cette FAQ vous donnera toutes les informations nécessaires pour réussir avec succès un élevage de fourmis.

Avant-propos

Ce guide abordant les principes élémentaires de l'observation et l'élevage des fourmis est volontairement simplifié pour que tout un chacun puisse réussir facilement son premier élevage de fourmis. Notez que le cas des fourmis exotiques n'est pas traité (un livre n'y suffirait pas), sachez cependant que beaucoup des informations que vous trouverez ici sont également valables pour la plupart des espèces exotiques (par "exotique", nous entendons non endémique de l'Europe de l'Ouest).

En préambule, il nous semble nécessaire que l'éleveur débutant soit bien conscient de ce vers quoi il s'engage en commençant un élevage de fourmis. Une fourmi est avant tout un être vivant, et à ce titre les colonies recueillies méritent autant d'attention que n'importe quel autre animal. Il convient donc de retenir ces deux règles de bon sens :

  • Il est vivement déconseillé de relâcher une colonie d'élevage dans la nature, au risque de nuire aux espèces locales.
    D'une part, la loi interdit d'introduire dans le biotope des espèces allochtones, non déjà présentes dans le milieu. D'autre part, si votre colonie ne provient pas d'un essaimage local, vous n'avez aucune certitude quant à l'espèce réelle à laquelle appartiennent vos fourmis : votre Lasius niger par exemple a peut-être été mal identifiée et peut appartenir à une autre espèce très proche, mais absente du milieu. Enfin, votre colonie d'élevage peut avoir contracté une maladie du fait de sa proximité avec d'autres espèces. Dans tous ces cas, relâcher votre colonie dans la nature pourrait avoir un impact néfaste sur les espèces indigènes.
  • Une colonie peut rapidement croître et être populeuse et son entretien devenir contraignant, c'est pourquoi il est judicieux d'y réfléchir et de se renseigner avant de se lancer dans l'élevage.
    Il faut savoir que passé le stade de la fondation qui ne nécessite souvent que peu de temps et de moyens matériels, une colonie peut croître exponentiellement et exiger un investissement considérable, notamment en temps consacré à l'entretien et aux soins.
    Exception faite de quelques espèces dont la colonie atteint une centaine d'individus à maturité, la plupart des colonies sauvages atteignent plusieurs milliers ou dizaines de milliers d'individus ; certaines dépassent allègrement le million d'individus.
Naturellement, cela nécessitera quelques années avant d'atteindre un tel effectif, et ce temps passé sera un excellent moyen de savoir si l'élevage n'était qu'un intérêt du moment, ou est réellement devenu une passion. Mais il arrive forcément un moment où la question se pose de devoir se séparer d'une ou de toutes ses colonies, et ce quelle qu'en soit la raison (plus assez de temps à y consacrer, plus de place disponible, intérêt décroissant, les causes peuvent être nombreuses). La meilleure solution en ce cas, plutôt que de relâcher la colonie, reste de la confier à un autre éleveur : nul doute qu'un amateur sur le forum de MyrmecoFourmis.org sera ravi de pouvoir prendre la relève.

Vous êtes toujours motivé ? Alors bienvenue dans le monde de la myrmécologie amateure et bonne lecture !


Partie I: Pour bien débuter, de 0 à l'acquisition de votre reine


(photo de netman)

Comment obtenir une reine ?

Vous pouvez trouver des reines lors des essaimages ou vols nuptiaux c'est-à-dire lorsque les individus reproducteurs s'accouplent. Les essaimages se produisent tout au long de l'année sauf en hiver et ils sont particulièrement nombreux en été lors de la belle saison. Chaque espèce a sa période. Nous reviendrons sur les essaimages plus loin...

Vous pouvez aussi vous fournir sur internet via les boutiques en ligne. Sachez que ce sera peut-être votre unique solution si par la suite vous souhaitez élever une espèce exotique.

Les espèces conseillées pour débuter ?

Pour débuter, choisissez des espèces résistantes qui surmonteront très facilement les petites ou grosses erreurs que tout le monde fait lorsque l'on débute dans l'élevage des fourmis. Ne choisissez pas des espèces trop difficiles, trop petites ou au développement trop lent, car elles vous décourageront certainement. Voici une sélection d'espèces résistantes, intéressantes, faciles à trouver, facilement observables, faciles à nourrir et se développant rapidement :

  • Lasius niger: présent dans presque toute la France, c'est notre belle fourmi noire des jardins ou pelouses. Une espèce incontournable de la myrmécologie française !
  • Lasius emarginatus : un peu comme Lasius niger, mais dans une version bicolore (thorax rouge, tête et abdomen noirs)
  • Lasius flavus : espèce un peu plus petite et un peu moins active que Lasius niger, de couleur jaunâtre. Assez abondante.
    En général, les espèces du genre Lasius strictes sont assez bien pour débuter.

Voici d'autres espèces qui peuvent convenir avec une ou deux contraintes supplémentaires :

  • Messor barbarus : espèce très facile à nourrir, car exclusivement granivore (mange des graines).
    Mais c'est une espèce dite "foreuse" qui creuse le béton cellulaire, plâtre et autres matériaux peu résistants.
  • Myrmica rubra : espèce qui a l'avantage d'être polygyne (possibilité de la présence de plusieurs reines au sein d'une même colonie), très friande d'insectes mais nécessitant une très forte humidité et ne supportant pas des températures de maintien dépassant les 25-28°C. Aussi est-il important de savoir que cette espèce est munie d'un dard qu'elle n'hésitera pas à utiliser si elles se sentent agressées.

(photo de myriorama)

Essaimages

Vous avez sûrement tous déjà assisté à ces vols nuptiaux, où les "princes" et "princesses" (sexués mâles et femelles) s'envolent pour s'accoupler et fonder une nouvelle colonie. À noter que seule la femelle fécondée fondera une nouvelle colonie. Ne servant qu'à la reproduction, le mâle quant à lui périra peu de temps après l'accouplement.

(photo de courrambel)

Quand ?

Comme nous l'avons vu précédemment, lors des essaimages qui se produisent presque tout au long de l'année. Principalement en été.

Condition météo ?

Les essaimages se produisent généralement lorsque les conditions météorologiques sont favorables : température assez chaude, beau temps (sans pluie), humidité élevée. Généralement, on retrouve ces conditions après une averse d'été précédant une période de sècheresse. Ces conditions météo sont compréhensibles si l'on se met à la place d'une fourmi : difficile de voler et d'évoluer lorsqu'une pluie de météorites d'eau a lieu, il est aussi plus facile pour les reines fécondées de creuser une galerie dans un sol humide et tendre plutôt que de creuser dans un sol dur, sec et compact.

Où ?

Dans votre jardin ou votre pelouse, dans un des espaces verts de votre ville, en forêt.... Pratiquement partout où il y a un coin de verdure, il peut y avoir une colonie qui essaime. Si vous cherchez une espèce particulière, renseignez-vous sur les régions et biotopes où elles sont présentes. Les fiches d'élevages pourront sûrement vous aider pour cela. Si vous souhaitez récolter une espèce précise, consultez régulièrement le sujet dynamique sur les rapports des essaimages qui vous indiquera quand et où les espèces essaiment.

Certains lieux sont protégés et tout prélèvement d'animaux et/ou de végétaux y est interdit.

Comment reconnaitre une gyne ?

Avant tout, sachez que les reines ayant encore leurs ailes sont des reines non fécondées qui ne pourront pas pondre et fonder une colonie. Inutile donc de les récolter.

(photo de degeerelle)

Seules les reines désailées sont fécondées avec certitude et ce sont donc elles qui nous intéressent. La principale difficulté est de ne pas confondre une reine avec une simple ouvrière.
Voici les caractéristiques d'une reine par rapport à celle d'une ouvrière:
  • thorax imposant et très développé par rapport à la tête
  • gros abdomen
  • présence d'ocelles: sorte de petits yeux au nombre de 3 formant un triangle au sommet de la tête
  • présence de cicatrices alaires (cicatrices laissées de chaque côté du thorax après que la reine se soit arrachée les ailes).

(photo de Jinaa.com)

(auteur inconnu)

Outre les proportions tête/thorax/abdomen différentes entre ouvrières et reines, la reine est presque toujours la plus grosse fourmi de la colonie. Les reines ont un profil de "pataude", contrairement aux ouvrières au profil plus dynamique. En effet, la reine n'est présente dans la colonie que pour pondre contrairement aux ouvrières qui doivent fourrager efficacement et effectuer d'autres tâches diverses qui requièrent rapidité et agilité.

(photo de jmb462)

(photo de netman)


(photo de Jinaa.com)

Identification

Lorsque vous avez récolté une reine lors d'un essaimage, il faut absolument en savoir le maximum sur elle, car certaines espèces sont protégées, d'autres ne peuvent pas fonder la colonie toute seule, certaines ne pondent que l'année suivante après l'hivernation...
C'est pourquoi il est nécessaire de l'identifier ou de faire identifier votre spécimen. De plus, cette identification vous permettra de connaitre les besoins et caractéristiques d'élevage de l'espèce.
L'identification est donc indispensable.
Pour faire identifier votre spécimen, vous pouvez poster une demande d'identification dans le forum identification prévu à cet effet en ayant lu au préalable le sujet sur les demandes d'identification qui vous indiquera comment formuler cette demande. Pour plus de sérieux et de précision nous vous conseillons de faire identifier votre spécimen auprès d'AntArea pour la France ou encore de FourmisWalbru pour la Belgique.


Partie II: La fondation

J'ai trouvé une gyne , que dois-je faire ?

Une fois votre reine récoltée il vous faut lui trouver un petit coin étroit, humide et tranquille où elle pourra pondre et fonder une colonie. Cette période est appelée fondation et on considère qu'elle s'arrête lorsque la première génération d'ouvrières est née. Veillez à choisir un endroit aux conditions stables (température, vibration, lumière) et à l'abri des rayons direct du soleil.

Tube à essai à réserve d'eau

La méthode la plus utilisée et la plus simple qui a été adoptée par tous les éleveurs est celle du tube à essai à réserve d'eau. Les plus polyvalents au niveau des dimensions sont les: ∅ 16 mm x L 150 mm.

Prenez un tube à essai ou un bout de tuyau transparent hermétiquement bouché à une de ses extrémités. Remplissez le tube d'eau aux 2/3 puis insérez une boule de coton tassé jusqu'à atteindre l'eau. Après y avoir mis votre reine, il suffira de refermer l'extrémité du tube par une autre boule de coton plus aérée.

Schéma d'un tube a essai à réserve d'eau
(schéma de brun°)

Veillez à tasser suffisamment le coton d'humidification et en mettre une épaisseur suffisante (2 cm) ! Beaucoup trop de reines et colonies sont perdues par noyade à cause de cela. En effet, en plus de perdre sa cohérence en vieillissant, le coton est très souvent en partie arraché par la gyne ou les ouvrières.

Module de fondation

Certains utilisent une autre méthode moins simple car il faut construire une sorte de micro nid d'une salle avec souvent une micro ADF. Ce genre de construction est appelée "module de fondation".


(photo de Mr Propre)

Dans la majorité des cas votre reine a assez de réserve pour vivre jusqu'à au moins la naissance des premières ouvrières. Donc sauf accident de parcours il est inutile et déconseillé de lui donner à manger car ceci risque de la perturber et la nourriture risque de pourrir dans le tube...
Néanmoins, chez certaines espèces la consommation de nourriture par la reine est plus ou moins indispensable.
Pour lever le doute, il vous sera nécessaire de faire identifier le spécimen.

Soyez patient et ne dérangez pas votre reine sinon elle ne pondra pas, la fondation est la période la plus critique de la vie d'une colonie. La moindre chose peut à ce moment-là causer sa perte.


(photo de Macropixel's)

Ma première ouvrière est née !

Tube à essai connecté à une aire de fourragement
(schéma de brun°)

Aire de Fourragement

Dès la naissance de la première ouvrière, il est nécessaire de connecter votre tube à une aire de fourragement (= ADF) plus souvent appelée abusivement aire de chasse (= ADC) (fait office de milieu extérieur en captivité). Dans cette ADF vous disposerez de la nourriture pour vos fourmis et si besoin un substrat inerte et imputrescible (sable, mousse oasis...) pour que vos fourmis remodèlent leur nid selon leur bon vouloir. L'aire de fourragement doit vous permettre d'effectuer vos opérations de maintenance facilement : dépôt de nourriture, enlèvement des déchets, application d'anti-évasion. Vous pouvez couler une couche de plâtre d'environ 1 cm de profondeur dans le fond de votre ADF ce qui absorbera les liquides (nourriture et anti-évasion liquide) et évitera tout risque de noyade.
Une ADF de 10 cm sur 10 cm est plus que largement suffisante pour une colonie en fondation. Une astuce gratuite pour construire une modeste et pratique aire de fourragement consiste à recycler une boite de coton-tige. Il vous suffit de boucher avec du Scotch ou de la colle les 4 petits trous du fond de la boite puis de découper un carré dans le couvercle en laissant les bords sur 1 cm : ces bords constitueront le plafond périphérique sur lequel vous appliquerez un anti-évasion type talcool ou huile de paraffine.
Percez ensuite un trou circulaire à la base de la boite qui vous permettra d'introduire un tube à essai ou un tuyau conduisant au nid.

Anti-Evasion

Votre aire de fourragement sera obligatoirement munie d'un système anti-évasion (ex: talcool, huile de paraffine...) sinon vos fourmis s'échapperont.
Certains anti-évasions ont un mode d'action répulsif (graisse rose, huile de paraffine...), d'autres "trébuchants" (talcool, barrière électrique, fluon...). Pour tout savoir sur les différents anti-évasions qu'il vous est possible d'utiliser (caractéristiques, prix, avantages, inconvénients, modes d'action...), vous pouvez consulter le récapitulatif sur les anti-évasions.

Un dispositif anti-évasion n'aura aucun effet si votre installation comporte des défauts d'étanchéité.
Un interstice de 0,5 mm peut suffire au passage des petites espèces comme Solenopsis fugax.


(photo de Waldo Jaquith)

(photo de autan)

(photo de Enora)

Comment dois-je nourrir mes fourmis ?

Que dois-je leur donner ?

Les besoins primaires des fourmis sont :

  • les glucides : molécules de l'énergie utilisées par notre corps et celui des fourmis.
  • les protéines : principalement pour le bon développement du couvain et la ponte d'œufs par la reine

Malheureusement il n'y a pas une nourriture universelle pour les fourmis, chaque espèce a des goûts différents. Certaines ne consomment presque que des insectes (Pheidole pallidula), d'autres que des graines (Messor barbarus)... A cela s'ajoute encore la variabilité des goûts intraspécifiques. Heureusement et même s'il y a des différences, toutes les colonies d'une même espèce ont des goûts relativement similaires. Pour savoir quoi donner à manger à l'espèce que vous élevez, consultez les fiches d'élevage et le forum alimentation. Voici quelques exemples de recettes ou aliments généralement assez appréciés:

  • Insectes (presque toutes les espèces françaises ont besoin de consommer des insectes dans une quantité plus ou moins importante)
  • Lait miellé (très nourrissant)
  • Miel sans pesticides
  • Lait sucré
  • Eau sucrée (moins nourrissant)
  • Gelée sucrée
  • Jaune d'œuf

Pour donner à vos colonies des insectes frais vous pouvez aussi en faire un élevage (ex : grillons, blattes, vers de farine, criquets...). Ainsi, vous ne vous embêterez plus à chercher dans votre jardin les fameux insectes qui deviennent très rares en hiver. Afin de réussir un élevage nourricier vous pouvez consulter les fiches d'élevage ainsi que le forum traitant de l'alimentation des fourmis.

Les insectes donnés comme proie sont quelquefois parasités par des acariens qui n'hésiteront pas à parasiter vos fourmis. Pour éviter cela, faites séjourner vos insectes au congélateur (-20°C) (pas le compartiment freezer du réfrigérateur !) pendant 72h.

Certains miels contiennent des pesticides à des concentrations mortelles pour les fourmis. C'est pourquoi vous choisirez de préférence un miel bio.

A quelle fréquence et en quelle quantité ?

Les fourmis n'ont pas de problème de poids, elles savent très bien réguler leur alimentation. De ce fait et pour un bon développement, il est conseillé de leur fournir pitance protéinée et sucrée à volonté, ainsi elles ne seront jamais à court de nourriture.
Sachez que les aliments pourrissent, sèchent et perdent rapidement leurs qualités nutritives à température ambiante. De ce fait, les fourmis ne s'en intéresseront rapidement plus. Vous devez donc renouveler leur nourriture plusieurs fois par semaine, l'idéal étant tous les jours, ce qui est totalement justifié pour certaines denrées hautement périssables.

Il se peut que vous ne voyez pas vos fourmis se nourrir, mais cela ne signifie pas qu'elles ne le font pas. En effet, comme il n'y a à ce stade de développement de la colonie que peu d'ouvrières et de couvain, leurs besoins en nourriture sont très faibles et leurs sorties dans l'aire de fourragement ne sont que peu fréquentes.

Combien de fourmis peut contenir un tube à essai avec réserve d'eau ?

En prenant un tube à essai moyen adapté à la taille de l'espèce, un tube à réserve d'eau peut généralement facilement contenir 100-200 ouvrières Lasius niger, beaucoup plus pour les espèces plus petites, beaucoup moins pour les espèces plus grandes. Quand la place vient à manquer ou que votre réserve d'eau est épuisée, il est temps de les faire déménager.


Partie III : Après la fondation...


(illustration de Thierry Mazzeo)

Changement de nid et déménagement, comment faire ?

Comme nous, les fourmis aussi déménagent, en milieu naturel comme en captivité.

Principe

Le principe du déménagement est le suivant : le nid à quitter doit avoir des conditions défavorables mais non mortelles à court terme et le nid d'emménagement doit avoir les conditions les plus idéales et favorables possible. Pour cela, il vous faudra jouer à l'éleveur tortionnaire en induisant des conditions qui sont aux antipodes des conditions idéales de maintien de l'espèce que vous souhaitez faire déménager.
La colonie devra avoir un accès au nid d'accueil pour qu'elle puisse s'y installer, il vous faudra donc connecter les ADF des 2 nids avec un tuyau ou un pont de fortune comme illustré ci-dessous.

(photo de Mika)

Colonie en tube

Tout d'abord pour le déménagement d'une colonie en tube vous avez 2 solutions :
- La méthode douce : attendre que la réserve d'eau soit épuisée. Il suffit pour cela de placer le tube de fondation dans l'ADF et de toujours humidifier le nid d'accueil en attendant l'épuisement de la réserve d'eau du tube. A noter que souvent la colonie déménagera avant même l'épuisement de la réserve d'eau.
- La méthode brusque : les déménager de force en vidant si possible délicatement le tube (ouvrières, reine et couvain) dans l'ADF du nid d'accueil. Tapotez sur le tube pour les faire tomber.

En général

Faites le contraire des guides d'élevage ! Les conditions exécrables que vous induirez au nid de partance doivent être opposées à celles régnantes dans le parfait nid d'arrivée.
Ainsi, si vous avez affaire à une espèce xérophile et thermophile, vous augmenterez l'humidification pour rendre le nid très humide et vous couperez le chauffage pour le refroidir.
Si au contraire vous avez à faire à une espèce hydrophile et thermophobe, vous couperez l'humidification pour l'assécher et vous augmenterez le chauffage pour faire élever la température.
Vous pouvez également et cela quelle que soit l'espèce:

  • Éclairer abondamment le nid de partance et obscurcir le nid d'arrivée en posant sur la vitre un livre par exemple. Attention à la chaleur dégagée par la lampe qui risque de littéralement cuire les fourmis ! Pour éviter ce risque, déposez un thermomètre sur la vitre du nid.
  • Tapotez de temps en temps le nid de partance pour créer des vibrations ce qui dérangera les fourmis.

(photo de Charles Badland)

(photo de Jarode)

La colonie a fondée et se développe, que faire ensuite ? La construction d'une fourmilière.

Généralités

Tout va bien, votre reine pond, vos ouvrières naissent et parcourent l'ADF pour manger ce que vous leur offrez... Quand votre tube de fondation devient trop étroit, il est temps de leur construire un nid bien douillet ou elles pourront se développer davantage. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le sujet sur les points importants concernant les constructions de nids artificiels, les photos de nids ainsi que les nombreux tutoriaux présents sur le forum qui vous guideront lors de la construction de votre fourmilière artificielle.
Si vous avez choisi de construire une fourmilière pour une espèce non foreuse alors les nids en béton cellulaire (=BC), en plexiglas, en plâtre conviendront parfaitement. Par contre, s'il s'agit d'une espèce dite foreuse (ex: Pheidole sp, Camponotus sp, Messor sp) il leur faudra obligatoirement une fourmilière à l'épreuve de leurs mandibules comme celles en mortier ou celles en plexiglas qu'elles ne pourront pas creuser.

Le cas des fourmilières en béton cellulaire

Les fourmilières en béton cellulaire ont l'avantage de se construire facilement et avec peu de moyens aussi bien matériels que financiers. Pour en construire une, il vous faudra:

  • Une plaque de béton cellulaire de 7 cm d'épaisseur disponible pour quelques euros dans votre magasin de bricolage.
  • Un tournevis plat ou une Dremel pour creuser les galeries et les mèches.
  • une vitre en verre ou en plexiglas. Le verre à l'avantage de fournir une meilleure visibilité et de ne pas se rayer facilement mais est très cassant alors que le plexiglas lui se raye vite mais se découpe très facilement à l'aide d'une banale scie à métaux.
  • Un réservoir d'eau dans lequel tremperont les mèches en béton cellulaire (ex : boite de coton tige, cul de bouteille, tupperware...).
  • en option: un tuyau transparent si l'ADF n'est pas intégrée au nid.

La liste des fournitures s'arrête là.


(photo de Val)

  1. Avec une scie à métaux ou à bois, découpez votre bloc de béton cellulaire à la taille voulue, faites de même avec votre vitre (plexiglas ou verre) ou choisissez-la avec les mêmes dimensions que celles du bloc.
  2. Creusez à l'aide de votre Dremel ou de votre tournevis plat les galeries du nid ainsi que les mèches en BC. La profondeur des galeries sera adaptée à l'espèce (4-5 mm pour les petites espèces et 10 mm pour les plus grosses).
  3. Posez la vitre sur le nid en la fixant ou non.
  4. Si l'aire de fourragement n'est pas incluse au nid, connectez le nid et l'ADF à l'aide d'un tuyau en plastique transparent.
  5. Faites tremper les mèches dans le réservoir d'eau.
  6. C'est fini.

Schéma en coupe d'un nid en béton cellulaire
(schéma de brun°)


Fourmilière artificielle en béton cellulaire vue de dessous.
Les mèches trempant dans le réservoir d'eau sont visibles.
(photo de shadox)

Acheter une fourmilière artificielle

Bien qu'une telle construction soit très rapide et peu chère, certains voudront peut-être en acheter une. Soyez conscients que le prix de revient est généralement bien plus élevé qu'avec une fabrication personnelle, mais si cela ne vous préoccupe pas, vous trouverez certainement votre bonheur dans ces boutiques en ligne.

Les AntWorks ou autres modèles à substrat gélifié ainsi que les "kits fourmilière" façon boite de jeu pour enfants sont à proscrire ! Ces mouroirs à fourmis ne sont pas adaptés pour élever une colonie à long terme.

Chauffage et température

La photopériode et surtout la thermopériode sont des paramètres importants pour le bon développement d'une colonie. Si certaines espèces peuvent se passer de chauffage et s'accommodent très bien des températures régnant dans nos habitations, d'autres, si elles ne sont pas chauffées au dessus de 20 à 22°C, risquent de voir leur développement interrompu. Outre cet aspect, la colonie se développera d'autant plus rapidement que la température est importante. Ce qui a ses avantages. Pour chauffer une fourmilière artificielle, la méthode la plus simple est encore d'utiliser une lampe de bureau.


(illustration de McKay)

Munissez-vous d'un thermomètre que vous disposerez sur la vitre du nid et d'une lampe de bureau qui sera braquée sur le nid et le thermomètre. Si la température indiquée par le thermomètre est trop importante, éloignez la lampe et si la température n'est pas assez élevée, rapprochez la lampe.
Braquez la lampe uniquement sur une partie du nid pour créer un gradient de températures, ainsi les fourmis pourront choisir la zone du nid où la température leur convient.

Ne dépassez jamais une température de 30°C au risque de mettre votre colonie en péril.

On obtient un développement plus rapide si l'on respecte les thermopériodes quotidiennes, ainsi une baisse de quelques degrés la nuit par rapport au jour est bénéfique à la croissance de la colonie.


Partie IV : Hivernage / Diapause

A l'approche de la saison froide, il vous faudra très certainement mettre votre colonie au froid, ceci afin de garantir son bon développement futur.

Qu'est ce que c'est ?

Définition

La diapause est la suspension temporaire des activités vitales du développement d'une colonie préparant et permettant la survie des fourmis pendant une période défavorable. Chez les fourmis, cette diapause affecte les larves (parfois les œufs et rarement les nymphes) et/ou de la reine (activité de ponte) lors de la mauvaise saison (= période hivernale dans les régions tempérées). Elle est induite à un stade précis par un facteur exogène (ex : climat) ou endogène (ex : génétique). Par exemple, la diapause hivernale (facteur antagoniste : le froid) peut être induite dès la fin de l'été (facteur inducteur : diminution de la durée du jour) ou être spontanée (facteur génétique) (d'après Passera, 1984).

Pour plus de précisions, veuillez consulter "Diapause" : récapitulatif global ainsi que le document sur les cycles saisonniers et formes de dormance chez les fourmis.

Utilité et conséquences en captivité

En élevage, elle permet de respecter le cycle naturel des fourmis. Bien que certaines espèces peuvent s'en passer, la plupart des espèces françaises en ont besoin pour se développer normalement. Ne pas respecter une diapause nécessaire pourrait à terme conduire la colonie à sa perte. A cela s'ajoute que chez certaines espèces, c'est une condition sine qua none à l'apparition des sexués. Il est donc très important de respecter le cycle naturel des fourmis et de les faire hiverner.

Quand ?

La diapause hivernale a lieu lors de la saison froide. Suivant les espèces et le climat auquel elles sont confronté, elle débute plus ou moins tardivement en automne - hiver. Si lors de cette période vous constatez un ralentissement du développement de la colonie, une baisse de la quantité de couvain et une augmentation de la mortalité, ne cherchez plus, c'est le signe qu'il faudra les faire hiverner relativement rapidement et cela pendant une durée de 1 à 3 mois.

Comment ?

A l'approche de la mise au froid, veillez tout particulièrement à la bonne santé et au bon nourrissage de la colonie.

Il faudra placer votre colonie dans un endroit froid dans lequel la température sera comprise entre 5°C et 10°C. Pour ne pas choquer la colonie, lui laisser le temps de "s'organiser" et respecter au mieux les conditions naturelles d'origine, vous prendrez soin d'effectuer la mise au froid (et sa sortie) de façon progressive en abaissant (ou augmentant) petit à petit la température sur plusieurs jours. L'utilisation d'un thermomètre ou mieux d'un thermostat est de rigeur.

Respectez bien la fourchette "5°C - 10°C". En dessous vos fourmis risqueront de mourrir gelé et au-dessus la température risque d'être trop importante pour induire la diapause.

Ou ?

Quelques idées d'endroits très à propos:

  • Frigidaire : leur thermostat permet généralement d'obtenir la bonne température.
  • Module de cave à vin thermostaté : de même que pour le frigidaire.
  • Cave : enterrée une cave bénéficie de l'inertie thermique du sol ce qui lui confère une température assez stable et pas trop froide.
  • Garage isolé ou tout autre pièce d'intérieur non chauffé ou très peu et isolé.

Si vous n'avez pas les pleins pouvoir sur la température du lieu de diapause alors vérifier très régulièrement la température et anticipez les brusques baisses de température d'hiver que vous indiquera la météo, ceci pour ne pas vous laisser surprendre.


Problèmes fréquemment rencontrés

Ma gyne ne pond pas !

Vous venez de recevoir ou avez trouvé une gyne et vous vous demandez pourquoi celle-ci ne pond pas ? Pas de panique...

  • Soyez patient ! La gyne peut être stressée par son voyage, les nouvelles conditions, la température, la lumière,... Il lui faut du temps pour s'adapter. Laissez-la tranquille et mettez son tube à essai dans un environnement aux conditions stables et adéquates (pas de vibration, ni de bruit, pas de variation brusque de lumière, bonne température...). Les maître-mots sont "patience", et... "patience" ! Si la reine n'a toujours pas pondu au bout de 2 semaines, vérifiez bien vos paramètres de maintenance ! Référez-vous aux fiches d'élevage pour connaitre les optimums.
  • Identification : si cela n'est pas déjà fait, il serait bon de la faire identifier pour savoir à qui vous avez à faire. Certaines espèces ont en effet des caractéristiques de fondation particulières qu'il vous faudra impérativement connaitre pour réussir. Une fois identifiée, référez-vous aux fiches ou recherchez pour plus de renseignements.
  • Fécondité : si vous avez trouvé vous-même votre gyne, et que vous débutez, il est possible que celle-ci ne soit pas fécondée, ce qui est d'autant plus probable si elle avait encore ses ailes. Elle ne fera donc pas d'ouvrière...
  • Diapause : celle-ci n'a pas fait sa diapause et ne pond qu'après, elle a donc besoin de se reposer !


Si malgré cela vous ne voyez aucune raison pour laquelle votre gyne ne pond pas, vous pouvez alors solliciter les autres utilisateurs du forum en fournissant un maximum d'informations (toutes les informations), et même des photos si cela est possible !

Pourquoi mes fourmis arrachent le coton du tube ?

Ce phénomène s'explique pour deux raisons. D'une part, en tube le coton est le seul matériau de construction qu'elles ont à leur disposition pour réagencer leur espace, elles l'utilisent donc pour construire un mini nid. D'autre part, elles déposent du coton sur les larves ou à leur proximité pour les aider à tisser leur cocons. Finalement rien d'inquiétant...

Le coton du tube à essai noircit et l'eau change de couleur...

Avec le temps, le coton et l'eau du tube sont colonisés par une vie microbienne (algues, bactéries, champignons...) ce qui change leur couleur. Ce phénomène est particulièrement majoré par la présence d'un dépotoir sur le coton. Cette source de nutriments favorise leur développement accélérant ainsi l'altération du coton et de l'eau. Ne vous inquiétez pas, bien que peu esthétique et donnant une impression de saleté, cela ne pose aucun problème aux fourmis.

La réserve d'eau de mon tube à essai est vide, comment la remplir ?

La réserve d'eau d'un tube à essai ne peut malheureusement pas se remplir une seconde fois. La seule solution pour palier à ce problème consiste à faire déménager la colonie dans un nouveau un tube. Pour ce faire, disposez le tube à essai sec (l'ancien) et le tube humide (le nouveau) dans une boite muni d'un anti-évasion et déboucher les tubes. Les fourmis parcourront alors la boite, y découvriront le nouveau tube et y déménageront.

Notez que ce processus peut prendre un certains temps, surtout si votre tube n'est pas totalement sec ou si vous avez à faire à une espèce xérophile. Si la colonie ne daigne déménager vous pouvez comme pour tout déménagement leur forcer un peu la main (ex: tapoter le tube), voir même dans les cas extrêmes les en déloger manu militari en vidant tout simplement et avec précaution le tube dans la boite.

Pourquoi mes fourmis sont-elles léthargiques en automne ?

Leur période de diapause commence ou se prépare, la colonie est de moins en moins active et de moins en moins visible dans l'aire de fourragement, à cela peut s'ajouter une recrudescence du nombre de mortes. C'est le signe qu'il faudra tôt ou tard les mettre au froid...

Vol nuptial / Essaimage dans la maison ?

Si la colonie est mature (ce qui peut prendre plusieurs années), et si son mode de reproduction est le vol nuptial, alors il peut effectivement y avoir des fourmis volantes dans la maison. En captivité les essaimages sont assez rares car les conditions nécessaires à leur déclenchement ne sont en général pas réunies. Toutefois, pour s'en prémunir définitivement, il suffit de fermer l'aire de fourragement à l'aide d'une grille lors de l'apparition des sexués.

Durée de développement de l'oeuf à l'ouvrière pour une fourmi ?

Nombreux sont ceux qui se sont posés la question ne serait-ce que pour s'assurer que leur attente ne présageait aucune anomalie. Tout d'abord, sachez que cette question n'a de sens que si elle est mise en relation d'une part avec l'espèce en question et d'autre part avec la température d'élevage. En effet, pour une température donnée, chaque espèce a une durée de développement qui lui est propre. Si vous aussi vous vous posez cette question, recherchez dans la littérature (fiches d'élevage ou publication scientifiques) et ré-évaluez si besoin la durée trouvée en vous basant sur le différentiel de température.

NB : Comme tous les insectes, les fourmis ne sont pas capables de réguler leur température, elle sont donc ectothermes, la principale conséquence de ceci est que leur température corporelle est la même que celle du milieu extérieur.

Comment faire pour les absences / vacances ?

Lorsque vous ne pouvez plus vous occuper de de vos colonies pendant une longue durée (ex: vacances), un problème se pose : comment faire pour que celles-ci supportent votre absence et toutes ses conséquences ?


Pour aller plus loin...

Vous avez déjà tout lu et vous voulez en savoir plus ?

Alors vous trouverez ci-dessous quelques liens vers des articles très intéressants publiés sur le forum de MyrmecoFourmis.org. Nous n'avons pas souhaité alourdir ce B.A.BA avec des informations que l'on pourrait considérer comme étant d'un niveau plus avancé, mais nous ne pouvons que vous encourager à parfaire vos connaissances sur l'élevage des fourmis en venant faire un tour sur le forum.

Des aspects légaux à la construction de fourmilières en passant par les élevages nourriciers, vous trouverez ci-dessous des posts de synthèse ou des tutoriaux qui vous permettront de progresser dans votre démarche de myrmécologue amateur.

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Nids moulés

Nids en BC

Commentaires

Portrait de ratachou

Il faudrait c/c le post parlant des vacances là où il y a 3 petits points ( " Les fourmis et les vacances " ) Sourire
Portrait de Jarode

Où est ce post auquel tu fais référence ?
Portrait de arno

+1 avec ratachou ! Pour tous les débutants, c'est indispensable !
Portrait de loulou59

Bonjour,
Si j'achète une reine et une dizaine d'ouvrières, est ce que je dois les mettre quand même dans un tube à essai ?
Portrait de Jarode

Non ce n'est pas obligatoire. Tu peux les placer dans un petit nid directement en veillant à ce qu'il ne soit pas trop grand.  Clin d'oeil
Portrait de Dylanlbp

Merci beaucoup pour ce guide !
Il en aidera plus d'un ! Merci
Portrait de loan

Super ce guide !
Portrait de Vantaie

Il y a un moyen d'empêcher une colonie de grandir plus?
Portrait de camponotus38

Limiter son apport en nourriture.
Portrait de Noisette1601

Salut, deja merci pour le guide!
Ensuit, jai récupéré deux gynes hier et les ai mises dans des tubes à essai comme conseillé mais j'ai peur que le coton au niveau de l'eau soit trop épais et qu'elles ne puissent pas avoir "accès" à de l'eau (il y a 2.7 et 2.3 cm de coton mais il n'a pas l'air humide sur l'extrémité qui n'est pas plongée dans l'eau)
Dois je raccourcir mes cotons ou pas la peine?
Portrait de Moulinette

Très bon guide merci pour tout ce travail.
Portrait de Marmoun

Super guide. Très passionnant à lire. Merci pour ce travail.
Portrait de Niels_Bhor

Merci Merci
Portrait de Salem51

Le guide indispensable ! Merci.
Serveur discord de la communauté Myrmécofourmis