Pachycondyla crassinoda

Vous pouvez suivre ici la vie et l'histoire de certaines colonies de fourmis exotiques des bloggeurs.
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Nico74
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Pachycondyla crassinoda

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Bonjour à tous,

Etant joueur, et pour me mettre la pression sur la réussite d’une telle fondation, je décide de vous présenter ma tentative sur la superbe Pachycondyla crassinoda.

Pachycondyla crassinoda est une espèce commune que l'on trouve dans les forêts tropicales humides entre 200 et 800 mètres d’altitude (une espèce lowland donc) en Amérique du sud. La mienne provient de Guyane française. Les conditions in situ oscillent toute l’année entre 25 et 28 °C de moyenne avec une hygrométrie très élevé de 75 à 90%. Cette dernière diminue partiellement lors de la période plus sèche d’aout à octobre.

P. crassinoda appartient à la sous-famille des ponérines et est la plus grande de son genre avec une longueur du corps des ouvrières d'environ 18-20 mm. P. crassinoda creuse ses nids dans la terre directement, en s’appuyant parfois sur des racines, ou plus rarement sur des pierres. La colonie est monogyne, avec la présence de gamergate possible et excède rarement 250 individus.

Comme les autres membres de son genre, P. crassinoda se nourrit directement au sol de la forêt, sans apparemment jamais grimper aux arbres ou à d'autres plantes. La recherche de nourriture est principalement limitée aux périodes où le sol est relativement sec et se fait surtout à proximité du nid. Ces fourmis fouillent sous les feuilles mortes et se nourrissent principalement de petits arthropodes. Elles piquent rarement leurs proies, à moins que celles-ci ne se débattent vigoureusement comme cela a été le cas pour la main de One Ants. Je vous invite à aller voir son blog très intéressant sur la même espèce : https://antariums.com/blog-d-elevage/vo ... -one-ants/ . Pour revenir à notre sujet (la chasse), la seule forme de recrutement observée était la course en tandem, avec un maximum de deux individus du même nid suivant l'éclaireur. Cette méthode peut être extrêmement efficace, amenant rapidement une grande masse d’individus suiveur à la source de nourriture et permettant potentiellement à la colonie de la monopoliser. Ceci est d’autant plus important que in situ une grande densité de nid peut être observé (certain parle de 144/Ha).

La fondation en élevage a souvent échoué et même chez des éleveurs expérimentés, ce qui m’a clairement refroidi quant à la création de ce blog. Visiblement cette dernière marche mieux en pleomestrose, même si je n’ai pas trouvé d’exemple…

J’ai donc au mois de février dernier acheté un gyne seule, sans couvain qui provient de Guyane française. Pour la fondation, je l’ai placé dans une boite en plastique transparent avec un petit module de fondation fait en plâtre, sable et substrat (à la façon décrite par de Baptiste B. dans une de ses vidéo sur l'espèce).

Module de fondation en plâtre, Pachycondyla crassinoda
Module de fondation en plâtre
Module de fondation en plâtre dans ADC, Pachycondyla crassinoda
Module de fondation en plâtre dans ADC


Dans ce dernier, j’ai ajouté du substrat composé de sable, tourbes, et fibre de coco (indispensable pour cette espèce). Le fond de la boite ADC est lui-même recouvert de 1 cm de ce substrat (pas plus afin d’éviter qu’elle ne creuse). L’objectif était d’avoir un module de fondation simple afin de pouvoir gérer les paramètres facilement et renouveler le setup en cas de problème. Je place également des collemboles dans le module de fondation afin d’avoir une faune détritivore qui consommerait les restes de madame et d’éviter le développement trop important d’acariens détritivores.

25.02.2021

J’ai réceptionné la gyne ce jour et je l’ai placé directement dans sa boite de fondation. Elle avait voyagé 3 jours, je lui ai donc directement proposé de quoi se nourrir, notamment un grillon taille 3 et du liquide sucré. Madame s’est tout de suite jetée dessus (dans les 5 min qui ont suivi son arrivée), ce qui témoignait déjà de ses importants besoins alimentaires.

Gyne qui boit du miellat à la réception, Pachycondyla crassinoda
Gyne qui boit du miellat à la réception


Afin de ne pas trop la stresser, je ne l’ai observé que très peu de fois. J’ai fait un suivi pour avoir l’idée de la cinétique d’évolution de la fondation.

14.03.2021

Observation du premier œuf fécondé (allongé). Je précise œufs fécondés, car cette espèce peut faire des œufs un peu ronds dans le but seulement de se nourrir.

01.04.2021

Présence de 3 œufs dans le module de fondation.
P. crassinoda et ses œufs, Pachycondyla crassinoda
P. crassinoda et ses œufs

J’ai essayé de lui donner quelques proies congelées, mais elle n’y touche pas du tout. Madame mange environ 2 grillons T3 et une belle mouche fraichement tuée par semaine. Elle n’est vraiment pas fan des vers de farine, mais il lui arrive d’en consommer un toutes les deux semaines.

19.04.2021

J’observe ce jours 6 œufs, et le nourrissage reste le même. La gyne ne sort que pour venir chercher à manger et retourne dans son nid directement.

05.05.2021

Observation de 3 œufs, et deux petites larves (enfin). J’ai vu un changement dans le comportement de la gyne qui sortait beaucoup plus et cherchait de plus en plus à manger. Depuis le début du mois de mai, elle consomme une proie par jour, et ne ressort que très peu de reste.
Suite à cela j’ai eu la bonne idée de partir quelques jours pour le week-end de l’ascension (3 jours pour être précis), et malgré un nourrissage abondant avant mon absence la gyne a mangé ses deux larves… Super, on recommence…
J’ai à ce moment-là proposé un tube humide de 18 mm (coton et réserve d’eau) à la gyne, afin d’avoir une meilleure visibilité sans que cette dernière ait l’impression qu’on ouvre son nid. Elle y a déménagé en quelques heures, ce qui m’a conforté dans ce choix.
Je continue à nourrir en ajustant la quantité en fonction de ce qu’elle ressort du tube après consommation, et j’essaye de varier les proies le plus possible.

31.05.2021

Présence de 6 œufs.

17.06.2021

Observation de 3 œufs et une larve (oui la gyne mange ses œufs).

01.07.2021

5 œufs et 2 larves.

Le mois de juillet est passé, et les larves n’ont pas été consommées. Elles ont grandi convenablement.

22.07.2021

Le couvain est composé de 3 œufs et de deux belles larves. A la fin du mois, j’ai eu la chance de la voir sortir son couvain dans l’ADC et voici donc quelques photos.

P. crassinoda et son oeufs, Pachycondyla crassinoda
P. crassinoda et son oeufs

P. crassinoda et son couvain, Pachycondyla crassinoda
P. crassinoda et son couvain

p. crassinoda et son couvain (2), Pachycondyla crassinoda
p. crassinoda et son couvain (2)



25.07.2021

J’observe un cocon dans le tube. J’avoue qu’à ce moment-là j’ai sorti le champagne. Même si la fondation est loin d’être gagnée, une étape clé est atteinte. Il reste environ 6 semaines avant d’espérer l’arrivée de la première ouvrière. Je lui ai proposé un autre tube, plus grand et moins humide (sans réserve d’eau) mais elle ne semble pas très intéressée par ce dernier. J’aurai aimé qu’elle y place son cocon afin que la nymphose se passe plus au sec.

03.08.2021

Le couvain est composé de 2 cocons, et je ne vois plus d’œufs… Nous voilà donc dans une phase d’attente… J’espère que la gyne va repondre…

J'espère que le suivi vous a plu, et je croise le doigts pour la suite!
Pour ceux qui souhaitent réagir, commenter ou conseiller voici le lien du [Q/R] : viewtopic.php?f=130&t=32789

A bientôt,

Nico.
Dernière modification par Nico74 le mar. 3 août 2021 19:24, modifié 1 fois.
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