[Blog] Cataglyphis iberica de hffbu

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hffbu
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Commencons par la base avec cette superbe espèce : Cataglyphis iberica.

Il s'agit d'une espèce de l'ordre Hymenoptera, de la famille des Formicidae, dans la sous famille des Formicinae, de la tribu des Formicini (d'où le fait qu'elle soit apparentée aux Formica), du genre Cataglyphis et de l'espèce Cataglyphis iberica (Emery, 1906).
Comme son nom l'indique, il s'agit donc d'une Cataglyphis (étymologie pas encore bien claire à mes yeux) originaire de la péninsule ibérique. Elle est présente globalement dans toute la péninsule ibérique contrairement aux autres Cataglyphis souvent plus localisées.
Selon ce que j'ai pu lire sur les forums espagnols, l'espèce ferait des courses nuptiales assez conséquentes avec un grand nombre de gynes là où elle est présente (souvent en forte densités). Cette espèce n'est donc pas pillées. Lorsque c'est le cas c'est simplement ridicule. Ma gyne a d'ailleurs été élevées à partir d'une gyne seule d'été 2021. La fondation est donc indépendante et semi claustrale comme toutes celles du groupe albicans mais on préfèrera souvent les booster de quelques ouvrières de leur colonie ou dans mon élevage je n'hésite pas à utiliser des cocons d'une Cataglyphis pour en booster d'autres, elles sont particulièrement tolérantes.
Physiquement cette espèce est assez jolie (subjectif bien sûr), les ouvrières sont de bonne taille passé la première année et on pourra observer des ouvrières exceptionnellement grandes qu'on qualifie de "majors", la sous caste n'existant pas réellement. Ces grandes ouvrières sont particulièrement belles et grandes en dépassant parfois d'un ou deux millimètres la taille de la gyne. Elles sont aussi colorées étonnement mais la couleur n'est pas clairement visible à l'œil nu hormis sur l'avant de la tête. En voici une en ultra macro :
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Eleveur sans franc succès depuis 2020, c'est en 2021 que ma vision de cette passion va changer.
En octobre, 2021 donc, on me propose en échange de quelques nids une fondation de Cataglyphis iberica. Je me renseigne quelques jours sur l'espèce et je suis conquis. Une semaine après, l'échange se passe bien et ma fondation est à la maison. Elle comporte une gyne, neuf ouvrières et aucun couvain. Ce n'est pas incroyable pour une gyne de l'été de la même année honnêtement mais on ne va pas faire les difficiles ! Je leur donne une petite aire de chasse avec du sable, un tube et un thermomètre et elles vont directement à 19°C jusqu'à mars.

Arrivé en mars, il est temps de les sortir de diapause ! Me voilà donc amené à les remonter doucement en température. Très doucement... trop doucement. Alors qu'en fin de diapause je n'ai perdu qu'une ou deux ouvrières, elles vont commencé à repartir doucement. L'aire de chasse chauffée par une lampe chauffante j'observe déjà une activité intéressante par rapport au nombre d'ouvrières mais le couvain se fait rare. La reine pond quelques œufs rarement et les larves ne se développent pas, une fois finissent manger, une fois noyées. En mai les voilà ramenées à 6 ouvrières et toujours pas de couvain. Je décide de mettre les bouchées doubles sur la chaleur en les rapprochant de la lampe chauffante le tube couvert par un morceau de bois. La température monte alors au dessus des 30°C symboliques et soudainement le développement commence, il commence bien même !

Début juin elles étaient 6, le développement commençait enfin. Arrivé à la deuxième moitié de juillet la colonie atteint 40-50 ouvrières ! Il faut croire que ces quelques degrés auront suffit pour un excellent développement. Je les passe donc en nid, l'aire de chasse réduit en taille puisqu'elles ont leurs nids dans une cuve de 50x25x35 qui m'a été donnée. Malheureusement la cuve est rayées à de multiples endroits mais je me dis que ça fera l'affaire pour tenir la colonie, peut être jusqu'à maturité (que d'espoir !). Malheureusement le nid est un peu grand et elles entassent des insectes morts qui leurs servent à nourrir les larves et du sable pour faire tisser celles ci. Voici la composition du nid, trois modules identiques en taille et indépendant les uns des autres qui pourront être ouverts progressivement :
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Pour résumer, elles étaient 9 en octobre 2021, 6 en mai 2022 et nous arrivons maintenant en octobre 2022. Cette colonie atteint maintenant un nombre décent d'ouvrières, entre 100 et 150. Cependant il y a un détail que je vous ai caché durant ce temps... Un autre éleveur élève une colonie de Cataglyphis iberica de la même année. La sienne s'est mieux développée en début d'année puis a stoppé lorsque la mienne a bien repris, sur mes conseils il remonte lui aussi vers 32 et la colonie repart presque instantanément ! Il semblerait que des températures très élevées soient primordiales pour cette espèce. Sa colonie ayant mieux démarré elle arrive tout de même en octobre avec plus d'ouvrières que la mienne, autour de 150-200. Nous avions comme projet ultime d'échanger des sexués et tenter des reproductions captives avec cette espèce qui y semble presque prédisposée par son mode de reproduction et de fondation. Malheureusement, si je vous en parle c'est pour une bonne raison, il se sépare de la plupart de ses colonies en cette période. Il me propose alors de lui racheter, ce que je fais de suite. Me voilà donc fin octobre, un an après la première, avec une deuxième colonie qui arrive chez moi. Cette colonie connaitra des pertes, l'espèces supportant très mal les transports et surtout lé réception. En effet, la première semaine est souvent critique avec ce genre. La colonie finit donc par être un petit peu moins populeuse que la mienne mais madame la reine décide de faire une ponte tardive qui me forcera à repousser la diapause jusqu'en novembre. Ma colonie originelle sera donc sobrement appellée "Cataglyphis iberica 1" et la seconde "Cataglyphis iberica 2".

L'hiver se déroulera sans soucis, presque aucune morte. Les ouvrières sont toutes quasiment jeunes. Ce sera probablement moi qui en souffrira le plus puisque je vais décide de leur faire un premier mois à 19°C puis baisser la température de ma chambre à 15° pendant plusieurs. Ensuite la remontée se fera à 19°C puis je rapprocherais progressivement la lampe.

Fin avril, la diapause se termine et je remet la lampe. Les pontes suivent d'abord doucement suivit de larves et de cocons quelques 3 semaines après la ponte. A partir de ce moment la colonie va devenir folle. La gyne va commencer à pondre tous les jours. Sans exception, plusieurs semaines durant. La fréquence et la quantité de nourriture nécessaire augmente, l'activité aussi. Les premières imago arrivent doucement, la cadence de la gyne va diminuer quelques semaines plus tard. Idem pour la colonie 2 sauf que celles-ci sont chauffées par tapis chauffant, l'activité est moins importante et moins intéressante.

Arrivé au mois de juin tout a bien changé... J'alterne entre haine, joie, peur et amour. Le nombre d'ouvrières a drastiquement augmenté, le couvain aussi. L'activité est exponentielle, aux belles heures du jour elles sont très nombreuses dans l'aire de chasse. En parallèle, ça se complique. Elles manquent de place, commencent à exploiter chaque faille dans le joint autour des nids, elles nichent dans les réserves d'eau, sous des pierres, bref. Je décide donc d'ouvrir un deuxième module. Tout semble alors aller pour le mieux, le module est fortement exploité, pendant quelques semaines tout reprend son cours.

Mi juin, elles recommencent, couvain dans les réserves d'eau, sous les pierres, elles trouvent des failles, je les bouche en y coinçant fortement de petits pierres, elles arrivent à les sortir par je-ne-sais quelle force. Et la goutte de trop : elles nichent sous les nids. Elles vont aussi se faufiler sous les réserves d'eau, zone inaccessible normalement mais inondable. Elles décident ensuite qu'il s'agit du meilleur endroit pour y mettre les œufs ! A ce moment il est évident qu'il faut agir et leur proposer autre chose. Je décide donc de repasser les Cataglyphis rosenhaueri en tube (moins nombreuses) et je démonte les nids de leur cuve pour en faire des nouveaux qui iront aux Cataglyphis iberica avec la cuve légèrement plus grande. Malheureusement, tout ne se passe pas toujours comme prévu... En effet, je vais me fracturer les deux pieds en même temps et vais être immobile complètement pendant trois semaines puis, avec de longues négociations avec le chirurgien, je suis capable de me déplacer légèrement et tenir vaguement debout. C'est douloureux, peu stable mais je peux.

Il s'est donc écoulé trois semaines infernales, très chaudes (au grand plaisir de mesdames iberica), mais avec tous les problèmes cités plus haut. L'espèce adore l'humidité, impossible de stopper l'humidification, elles vont donc perdre de nombreuses pontes pendant cette période. Idem pour les ouvrières qui commenceront à mourir (la plupart ayant un an voir plus). Ce sont les plus vieilles ouvrières qui fourragent, voilà donc qui devrait les calmer un petit peu. Voici une vidéo que j'ai pris après deux jours sans nourriture pour se rendre compte du phénomène, je précise qu'elle n'est pas accélérée et qu'il était assez tard : .
Après ces trois semaines je reprends donc la fabrication de la cuve, deux nids forment un angle. Un est assez petit pour y mettre la colonie telle que je l'imagine, l'autre devra attendre la fin d'année... la désillusion sera puissante... à ce moment je m'imagine autour de 200-300 ouvrières. Ce serait déjà un assez bon développement depuis le début de l'année. A titre informatif, le nid a été coloré au mortier colle teint avec de l'ocre rouge et j'ai passé un coup de bombe de peinture couleur ocre marron pour donner plus de profondeur et "salir" le nid. Voici les images du nid :
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Passé 24h, je me résigne à les déménager (il s'agit de silicone pour aquarium, aucun risque). Evidemment, je mets un fond de sable entre temps. Pour les déménager, rien de plus complexe... Les nids sont fermement scellés dans la cuve, passés au millimètre près et collés au mortier colle. Impossible de les sortir. Il ne me reste donc qu'une solution : je me munie de mon fidèle burin ainsi que d'un bon marteau et il faudra éclater les nids. Je commence par celui où il me semble y avoir le moins d'ouvrière. Il se casse parfaitement en deux, je peux manipuler les morceaux pour déloger les ouvrières. Je les aspire une à une avec un aspirateur à bouche, idem pour les cocons et les larves. Les œufs sont tenus par les ouvrières et il y en a très peu. Je ne cacherais pas que c'était extrêmement désagréable ! Le sable fin passait à travers les mailles de l'aspirateur et les ouvrières produisent de l'acide, certes peu mais il s'accumule. Au final, après m'être rincé la bouche maintes fois et la gorge brulante d'acide, toutes les ouvrières sont dans une petite boite ainsi que la gyne. J'en profite évidemment pour les compter. Voici donc une image de ma colonie 1 au complet, je compte donc 426 ouvrières à 5% de marge d'erreur donc bien plus qu'estimé et une gyne (en bas à droite) :
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Je jette tout le monde dans l'aire de chasse et je les laisse emménager ce qui nous ramène à avant-hier. La moitié de la colonie contenant la gyne ira dans le grand nid, finalement pas si grand, et l'autre moitié comprenant le couvain ira dans le petit nid. Les nids sont saturés en humidité dû à la fabrication. La buée redescend progressivement mais je ne peux pas photographier l'installation de la colonie pour le moment.
Voici, en lot de compensation, une petite vidéo de l'emménagement : https://imgur.com/pijlbkM

Pour ce qui est de la colonie 2, je prends le parti de la laisser un peu de côté dans ce blog pour éviter les confusions. Je donne juste de rapides nouvelles, leur développement est légèrement plus lent mais plus régulier. Elles ont aussi connu une vague de mortalité comme la colonie 1.


Je ne vous promet aucune régularité, puisque ça me ferait mentir. En revanche je pense faire des updates au moins quelques fois dans l'année pour aider tous les éleveurs désireux d'en savoir plus sur cette espèce exceptionnelle !
N'hésitez pas à donner votre avis ou poser des questions ici : viewtopic.php?t=34238
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