Cela fait quelques semaines que je souhaite partager un blog sur ma toute jeune colonie de Camponotus renggeri. Sur mon premier post, je pense que je vais faire une courte présentation de la colonie et me concentrer sur les observations et les particularités que j'ai pu remarquer chez cette espèce que je ne vois que trop peu en élevage !
Malheureusement je ne prends pas de photos assez régulièrement pour pouvoir retracer l'évolution de la colonie en profondeur...
Pour la petite description : c'est une Camponotus d'Amérique du Sud, elle est noire avec la moitié supérieure des pattes orangée.
La reine doit faire environ 17mm, les Majors ne doivent pas en être loin !
Je vais tenter de faire un court résumé de cette petite colonie :
J'ai reçu la reine seule début décembre 2024, elle a très rapidement pondu. Les premières ouvrières sont arrivées probablement fin janvier/début février.
C'est une espèce très active et agressive, les 3 premières ouvrières étaient très régulièrement dans l'ADC, faisant claquer leurs mandibules régulièrement (depuis que la population a augmenté, je ne les entends plus le faire, étrangement).
Depuis les premières ouvrières, la reine n'a pas arrêté de pondre.
Vidéo du 22/03/2025 : le tube était déjà plein à craquer !
J'ai rapidement dû les passer en nid et lui rajouter une extension, la fondation commençant à devenir déjà assez populeuse.
Images datant de mi-juin :
Aujourd'hui l'ADC est constamment pleine, du couvain est stocké dans les mangeoires
Voilà où en est la colonie 9 mois après l'arrivée des premières ouvrières :
Maintenant je vais parler de ma petite expérience personnelle en espérant qu'elle soit utile aux futurs éleveurs de cette espèce.
La Camponotus renggeri est une espèce très simple à maintenir. Elles sont logées en nids imprimés en 3D (par pur égoïsme, ça facilite grandement l'agrandissement mensuel du nid), comme vous pouvez le voir sur la photo, j'humidifie environ 60% du nid. Elles ont la magnifique habitude de construire des murs au niveau des grilles d'humidification, ne leur fournissant aucun substrat elles utilisent les restes de cocons et d'insectes, ça donne une jolie teinte marron et une odeur indescriptible aux réservoirs d'eau, rien que d'en parler ça me donne faim
Pourquoi font-elles ces murs ? Peut-être pour avoir un meilleur contrôle de l'humidification ? Peut-être que c'est trop humide ? Vos avis m'intéresseraient beaucoup !
Elles sont chauffées à 28°C la journée et 23°C la nuit (la température est prise par sonde à l'intérieur du nid juste sous le câble chauffant). J'ai remarqué qu'elles n'apprécient pas les températures supérieures à 29-30°C. La gyne reste assez loin du chauffage, c'est pourquoi j'ai décidé d'utiliser un câble chauffant, ça me permet de proposer un gradient de températures et de laisser une partie du nid sans chauffage, ensuite elles gèrent comme elles le veulent ! Comme l'a dit un grand sage : "Les gradients, c'est la vie !"
Concernant la nourriture, elles mangent beaucoup, plusieurs gamelles de liquide sucré tous les deux jours, elles tournent au jus de fraises bio et aux grillons en ce moment, une quarantaine ou cinquantaine de grillons adultes par semaine. Elles acceptent à peu près tout, grillons, blattes, doigts humains, vers de farine, bœuf maigre (elles n'en raffolent pas énormément mais ne le refusent pas), gelées protéinées etc...
En plus de tout ça, leur développement est explosif, je pense qu'elles ont déjà atteint le millier d'individus (je me trompe possiblement). Ça en fait une espèce très simple à élever, sur le papier.
C'est l'espèce la plus agressive que j'ai pu élever, comme dit précédemment, elles deviennent actives dès les premières ouvrières, elles sont dans l'ADC nuit et jour et n'hésitent pas à attaquer tout ce qu'elles trouvent même les féroces mangeoires.
Elles avaient l'habitude de claquer des mandibules. Depuis qu'elles ont dépassé le stade de la vingtaine d'ouvrières elles ne le font plus, je n'ai aucune idée de la raison, si quelqu'un a une hypothèse je suis preneur !
J'aime beaucoup observer leur recrutement quand je fais l'entretien de l'ADC, elles ne paniquent pas, ne stressent que très peu mais sont pourtant très réactives et sortent du nid en quelques secondes pour accueillir la menace que constitue ma pince.
Par contre il n'y'a quasiment aucun recrutement observable lors du nourrissage, l'ADC étant toujours pleine à craquer d'ouvrières je ne vois pas la différence entre le moment précédant le nourrissage et le moment ou les gamelles sont pleines.
C'est une espèce assez propre, le sol de l'ADC est toujours nickel, j'ai juste quelques déchets à enlever toutes les semaines, le reste des déchets étant utilisé comme matériaux de maçonnerie...
Comme la plupart des Camponotus elles sont très agiles, tous leurs liquides sont dans des gamelles ou des bouchons de bain de bouche. À ce jour je n'ai vu aucune noyade, elles se déplacent très facilement sur l'eau ou le liquide sucré, ca change de ces amours de Pheidole qui se noient dans la moindre goutte
Cependant, leur agilité leur permet de facilement passer l'huile minérale si la barrière n'est pas assez large, leur agressivité et leur envie de voyager me forcent à renouveler très souvent l'anti-évasion. Le couvercle me semble aussi obligatoire, elles ne sont pas loin des Pheidole quant à leur capacité à se ruer sur la moindre faille de l'anti-évasion.
Pour les points qui me semblent réellement négatifs, je citerai leur vitesse de développement, il faut avoir des nids à leur fournir très régulièrement. Sur la dernière photo les nids semblent un peu vides car les ouvrières investissent chaque centimètre de l'ADC, je pense que sinon les nids seraient totalement pleins. Actuellement je rajoute une extension de nid tous les mois, ça représente du budget (ou du travail si vous faites les nids vous-même) et mes stocks d'insectes ne tiennent pas longtemps. J'ai un élevage de blattes en cours mais j'attends que la première génération atteigne le stade adulte pour en prélever.
L'autre point négatif serait leur agressivité et leur morsure. Lors de l'entretien il est presque impossible de les empêcher de vous grimper sur les mains, elles sont trop nombreuses, la pince est attaquée immédiatement et elles ne sont pas faciles à faire tomber (en prime je ne suis pas très doué de mes mains). Leur morsure est douloureuse pendant plusieurs minutes, quasiment chaque morsure (minor ou media, je n'ai pas encore eu la chance de tenter les majors) me fait saigner et l'acide semble plus douloureux que l'alcool à 70, la seule solution que j'ai trouvée pour les inciter à lâcher sans les blesser est de les tremper dans l'eau.
Je pense avoir dit tout ce qui me passait par la tête. Pour résumer, c'est actuellement mon espèce préférée et je la conseillerais à un adulte qui veut se lancer dans l'élevage d'exotiques ou changer de l'incontournable Camponotus nicobarensis avec une autre grosse Camponotus plutôt jolie et active, on ne s'ennuie pas avec elles
J'espère que c'est assez intéressant et agréable à lire, je m'appliquerai pour vous proposer de meilleures photos lors des prochains billets de blog !
Merci à vous !
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