Le boulot ! Ce n'est pas la santé. Surtout quand on parle de mes
Pseudoneoponera rufipes...
Car dans un studio Lyonnais traîne un vieil aquarium poisseux.
Dans cet aquarium : de l’humidité. Du moisi de fosse encouragé par un torchon humide singeant le couvercle se développe en pruine sur l'oblong du substrat. Un bouchon en toc bleu canard suinte ses mollesses sucrées tandis qu'un vieux tube en verre recouvert d'une crasse métallique aux reflets ternis émerge à l'ombre du bazar malfaisant d'une faune lucifuge tel le cockpit échoué d'un avion déchu de sa guerre refusant toujours la mort dans une dernière bataille d'oxydoréduction.
C'est dans cette crypte que nichent mes
Pseudoneoponera rufipes. Cette colonie au départ d'une soixantaine de goules est arrivée chez moi l'année dernière, avec beaucoup de retard. Quelques mortes à l'arrivée, énormément la première semaine, il n'en restait finalement l'été dernier qu'une petite poignée.
Ne voyant plus de ponte et constatant de nouveaux décès suite à des noyades (dans un fond d'eau où elles avaient pied), je décide de ne pas les surgeler et d'envoyer tout le monde à la cave finir ses jours heureux ; dans le noir, au frais. Je passais de temps en temps pour vérifier l'humidité carcérale et jeter une poignée de blattes sans conviction, ni jamais voir plus d'une ou deux ouvrières fourrager.
Mais un soir (c'était un vendredi), je me souviens. Je devais aller chercher une bouteille de Bordeaux vieillie en mer, constellée de résidus de coquillages, il était tard dans la nuit. Je n'avais pas de blattes, mais je soulevais tout de même le couvercle de fortune me rappelant avec tristesse que je n'avais pas humidifié ce monde depuis un moment, et que mes orphelines avaient dû finir par caner.
Mais quelle surprise... Quelle surprise de voir une vingtaine d'ouvrières chercher à fuir leur enclos trop sec ! Elles étaient plus nombreuses ! Incroyable... Le jus me monte dans la glotte ! Moi qui pensais la pondeuse morte. Mais c'était peut-être le cas ? Car on dit cette espèce parthénogénétique...
J'ai depuis bien sûr remonté et choyé mes petits distributeurs de chantilly qui se portent bien. C'est la colonie qui pour moi est la plus mystérieuse du simple fait que je ne peux pratiquement pas les observer. Seuls un ou deux endroits mal placés pour la photographie où la prise de vidéos permettent de constater que la colonie est vivante et se développe.
Voici quelques images, sales au sens propre (comme au figuré), un bon résumé :
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- Pseudoneoponera rufipes : habitat lugubre
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- Pseudoneoponera rufipes : cocons lugubres