Les risques concernant l'élevage ou le déplacement
d'espèces exotiques ou invasives
d'espèces exotiques ou invasives
Il est possible de lire ici ou là, des informations alarmistes sur le commerce des fourmis ou plus globalement sur les échanges de gynes entre personnes passionnées, indiquant, entre autre, que ces circulations de fourmis présentent un danger pour notre faune (batardisation des espèces, implantation d'espèces invasives etc). Le présent texte a pour vocation de faire un peu le tri et de raison garder.
Tout d'abord, il appartient de faire la distinction entre fourmis endémiques, fourmis exotiques et fourmis tropicales. Endémiques (de notre point de vue européen) désignent les fourmis vivant déjà sur le continent européen, exotiques venant d'un autre continent, et tropicales vivant dans des conditions bien particulières (chaleur et hygrométrie élevées) et souvent prisées pour leur coloris attrayant.
Les fourmis endémiques de France:
Les espèces présentes en France ne présentent aucun danger. Si une espèce de France métropolitaine n'est pas présente en un lieu précis dans l'hexagone, c'est tout naturellement que le milieu n'est pas propice à son développement (sinon elle l'aurait colonisé depuis des milliers d'années) car il n'y a aucune barrière naturelle infranchissable par les fourmis en France (Océans, Mers, Hautes et longues chaines de montagnes).
- Si l'on amène une espèce du Sud de la France comme Crematogaster scutellaris par exemple dans le Nord et que l'on essaie même volontairement de l'implanter dans ce nouveau milieu, elle mourra obligatoirement car elle ne pourra tout simplement pas survivre dans ce biotope qui ne lui convient pas, donc aucun danger.
- Concernant la batardisation des espèces (un Lasius niger du nord se reproduisant avec un Lasius niger du sud, pour prendre un cas extrême), aucune étude sérieuse ou "preuve" ne permet détailler une telle théorie que l'on pourrait qualifier de spéculation alarmiste.
Les espèces endémiques au continent européen:
Idem que pour les espèces de France métropolitaine: il n'y a aucune barrière naturelle infranchissable par les fourmis en Europe (Océans, Mers, Hautes et longues chaines de montagnes) et on retrouve un peu partout les mêmes espèces (ex: une espèce belge ne représente aucun danger pour la France contrairement à une espèce venant d'Australie).
Les espèces exotiques:
Il convient d'être prudent, car elles représentent un danger potentiel. Distinguons les espèces invasives et nocives à notre écosystème qui sont déjà présentes en France et les autres:
- concernant les espèces exotiques déjà présentes en France et que l'on qualifie d'invasives par leur prolifération rapide et les dégâts qu'elles occasionnent, nul n'est besoin de remuer le couteau dans la plaie et de les implanter ailleurs dans l'hexagone. Concernant une espèce comme Linepithema humile, il est inutile de jouer avec le feu, même si n'ayant colonisé que les zones méditerranéenne, il est peu probable qu'elle puisse survivre dans des régions plus nordiques.
- concernant les espèces exotiques non présentes en France il y a danger si et seulement si elles proviennent d'un lieu séparé de la France métropolitaine par des barrières naturelles infranchissables naturellement par les fourmis en l'occurrence les océans, les mers et les hautes chaines de montagne.
Les espèces tropicales:
L'Europe ne dispose pas de zone réellement proche des conditions requises pour les fourmis tropicales (forte chaleur alliée à une forte hygrométrie). Le risque zéro n'existe jamais mais les différences de climat sont telles, que le danger peut être qualifié de négligeable. Quiconque a déjà fait de l'élevage de fourmis tropicales connait la difficulté d'une telle entreprise et connait les nombreux échecs qui y sont liés.
Dernière précision et de taille, toutes les fourmis dites invasives qui se sont installées en dehors de leur biotope d'origine l'ont certes été à cause de l'homme mais ne sont pas le fait de myrmécophiles amateurs; ce sont les transports internationaux de marchandises qui sont à l'origine de leur délocalisation.
La batardisation de la faune:
Certains avancent un risque de "batardisation de la faune" lorsque 2 individus inter féconds issus de 2 situations géographiques et biotopes différents se rencontrent et engendrent une progéniture.
Tout d'abord définissons simplement la "batardisation de la faune".
La batardisation de la faune est un terme à la connotation assez négative définissant l'apparition d'une progéniture déficiente issu d'un croisement d'individus ayant un génotype suffisamment différent.
En utilisant cette expression on met en avant le fait que dans la situation sus cité le croisement de 2 individus engendre une progéniture moins apte à survivre et à se développer dans son environnement.
Ceci est une possibilité au même titre que ce croisement puisse au contraire engendrer une progéniture plus résistante.
De la même cause il peut donc en résulter aussi bien un bénéfice qu'une déficience.
Dans "la batardisation de la faune" la déficience est bien sûr mis en avant.
A très court terme cette batardisation déficiente est bien évidemment délétère pour l'espèce mais à long terme il n'en ai rien puisque selon la théorie de l'évolution des espèces de Charles Darwin unanimement admise par la sphère scientifique, les plus forts se développeront au détriment des plus faibles, c'est la loi de la nature.
Ainsi les individu déficitaires issus d'une batardisation disparaitront tôt ou tard.
Cette menace n'en ai donc pas une pour l'espèce en question.
(Une batardisation de masse pourrait être dangereuse, encore faut-il que cette batardisation soit volontairement induite à très grande échelle ce qui implique des moyens considérables qu'un Etat entier ne pourrait peut-être même pas mettre en œuvre).
Le transport d'éléments possiblement pathogène:
Lorsque l'on importe une espèces on importe bien d'autres choses.
Au même titre que l'Homme vit en symbiose avec plusieurs 10e de bactéries qui nous sont bénéfiques, la majorités des espèces pluri cellulaires complexes font de même, les fourmis n'échappent pas à cette règle.
Aussi les fourmis peuvent transporter d'autres microbes, virus, germes, bactéries, parasites qui ne leur sont a contrario nullement utile (euphémisme).
Tous ces animaux microscopiques ou non transportés par l'espèce non endémique peuvent s'avérer dangereux pour la bioscénose locale même s'ils ne le sont pas pour l'hôte original.
En effet, les espèces de la bioscénose locale n'ayant pas développé de mécanisme de défenses vis à vis des ces "intrus" car n'ayant jamais été en contact avec ces derniers, elles sont vulnérables.
Vous souhaitez néanmoins élever des fourmis non endémique ?
Les données du problème posé, si vous décidiez malgré tout de sauter le pas et d'élever des fourmis non endémiques au continent européen, voici quelques éléments à savoir:
- les espèces exotiques sont généralement beaucoup plus difficiles à élever du fait, entre autre, des conditions très différentes nécessaires à leur survie et du peu d'informations que l'on dispose sur leur condition de maintient en captivité, donc à absolument proscrire si vous êtes néophyte.
- ne jamais relâcher une espèce exotique, inconnue ou incertaine dans la nature et ne surtout jamais relâcher une espèce dans un milieu que l'on a pas soit même prélevé dans ce milieux, quitte à être obliger de les euthanasier. Cela évite tous les risques. (ex: une colonie acheté et ayant été identifié comme XXX (espèce française) par le vendeur qui serait en réalité YYY une espèce exotique ou invasive).
- veiller impérativement à l'efficacité de votre système anti-évasif quitte à en mettre plusieurs en action. Le meilleur anti évasion serait une aire de fourragement (=ADF) avec talcool ou huile de paraffine couplé à une grille micro mailles recouvrant l'ADF mais comme vous devez tous le savoir, le risque zéro n'existe pas, qu'il s'agisse de myrmécologue scientifique ou de simples myrmécophiles amateurs que nous sommes.
- choisissez de préférence une espèce dont le climat et biotope sont aux antipodes de ceux des régions françaises, ce qui réduit les risques en cas d'évasion.
Ecrit par etii et Jarode